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TYPE ET HORS TYPE : Partie 4 publié dans la revue du club de race 2015

Dans cette quatrième partie, nous vous invitons à vous nourrir du décor cynotechnique. En effet, les articles précédents cherchent à mettre en avant une valeur propédeutique de ceux-ci qui devraient permettre d ‘éviter de mauvaises affirmations et rendre de la justesse aux propos.
De manière intelligible et sans opinion, nous vous souhaitons de savoir comprendre, de notre côté, y œuvrer avec pour seul intérêt un consensus commun, outre un bon sens évident et partagé par le plus grand nombre des amateurs éclairés ou non de notre race.
Il nous apparait légitime, dans un contenu cynotechnique, d’affirmer ce qui existe, qui ne peut être remis en question et de combattre les idées reçues ainsi que les inventions des « connaisseurs » des sites marchands.
Entre le jargon spécialisé et les convictions sans preuves, la recherche du compréhensible peut sembler difficile. Même si cela paraît idiot de l’écrire de nouveau pour la énième fois, il est toutefois important de le rappeler inlassablement :

– La lecture simple du standard ne vous apprendra rien sur le chien, ce n’est pas un outil pédagogique ;

– Les expositions ne vous apprennent rien sur une race, encore moins sur le chien. Tout au plus son environnement et ses modes ;

– Le cane corso est un chien (!!!) et qu’à ce titre régit par les « lois » cynotechniques et non par des connaissances empiriques de bord de ring ou autres « contes de bonne femme ».

De la partie 1 nous dessinions ce qui ressort d’important dans le standard au travers d’une lecture transversale, de la partie 2 nous introduisions des notions d’harmonicité et de classifications générales avec application concrète à notre race et enfin dans la partie 3, toujours de manière générale une classification générale concernant les beautés qui à leur simple lecture permettent de nous situer. Tout ceci sont des faits, pas des points de vue, il ne sert à rien d’avoir une autre opinion, si tant est que nous devions en avoir une, c’est sur la base de ces éléments. Malheureusement ignorés, beaucoup de personnes inventent un langage pensant que celui-ci n’existe pas quitte à rentrer dans de fausses affirmations.
Un petit peu comme si vous rencontriez quelqu’un qui vous affirme que le verbe « croiver » existe corrigée immédiatement de manière péremptoire par une autre affirmation que c’est le verbe « croille ». Imaginez l’embrouille..! Ces articles sont finalement la fonction T9 de toutes ces billevesées.

« Mon travail consiste à apprendre à mes aspirations à se conformer aux faits, non pas à harmoniser les faits avec mes aspirations » Thomas Huxsley

Entrons dans l’univers de la tête que nous allons en partie détailler. Cas concret relevé voici peu dans une annonce d’un site d’annonces en ligne très populaire :

« ……Blablablabla……une superbe expression avec forme de l’œil en amande comme le demande la race et non rond…..Blablablablabla….. »

Outre que la race n’a rien demandé, l’œil en amande est un défaut qui doit être considéré comme étant plus grave qu’un œil rond et doit être sévèrement combattu dixit le Pr Morsiani. En effet celui-ci découle d’une position semi-latérale, latérale voire ultra-latérale (B.A. à lévrier) tandis que l’œil rond d’une position frontale (carlin).

Standard FCI :

Yeux : Ils sont de grandeur moyenne, affleurant légèrement, approchant de la forme ovale et placés de face.

Explications :

La région orbitale fait partie de ces caractéristiques du second cercle à cheval entre de ce qui découle de la morphologie, de la fonction, du type et qui concoure efficacement à cette notion aux contours flous et combien importante et essentielle qu’est l’expression de race. Cette dernière étant la somme de plusieurs facteurs.
Trois grande notions sont à retenir pour cette région liée au stop outre l’œil en soit et qui sont liées entre elles : La position, la forme et l’emplacement. Concernant la couleur foncée, c’est sans intérêt à ce stade étant une notion plutôt propre aux expositions. Qu’un chien soit classé 1a ou 3a ne fait pas grande différence.

La position s’évalue de face en traçant deux lignes, une verticale ou horizontale et l’axio-palpébrale allant de l’interne à l’externe de l’ouverture palpébrale. En France comme dans la plupart des pays nous la calculons par rapport à la ligne verticale, en Italie, pendant très longtemps par rapport à la ligne horizontale. C’est ce qui ressort dans la rédaction de notre standard. Il est alors évident que le 10° devient 80° selon le postulat de départ.
Les positions de l’œil sont définies pour chaque race et peuvent être : Frontale, sub-frontale, semi-latérale, latérale et ultra latérale. Ce qui les définira sera le degré d’inclinaison. Chez le cane corso celui-ci étant aux alentours de 10/15° il est par conséquent sub-frontal et de forme ovale. La forme se voit de face et peut aussi s’apprécier de profil. Quant à leur emplacement, ceux-ci sont légèrement affleurant dans la cavité et distanciés l’un de l’autre.
Une des caractéristiques de l’hypertype vient de la forme amande qui flatte l’œil du néo expert, pour peu qu’il soit associé à une position frontal, c’est la catastrophe.

La sélection doit lutter contre le mauvais emplacement découlant, entre autre, de la forme du stop ou de la mauvaise définition entre le naso-frontal ou cranio-facial et le sino-nasal. Cette région étant elle même sensible à la forme supérieur du crâne et de la longueur du museau.

TYPE ET HORS TYPE : Partie 3 publié dans la revue du club de race 2015

Des deux volets précédents, il ressort que la fonction utilitaire reste un déterminant important à la formation d’une race. Oublier cet objectif c’est perdre, génération après génération, ce pour quoi une race est comme elle est. On a coutume d’entendre qu’une modification du type est inévitable, les races évoluent… Pas faux mais pourquoi évoluent t’elles ? Quel environnement les fait-elles évoluer ? Y a t’il une corrélation avec la perversion des exposition canines où même la volonté de bien faire se fait laminer par l’attente des participants ? On peut le constater, sur ces dernières années, le principal moteur de l’évolution d’une race comme la nôtre est l ‘exposition canine. Sa nouvelle fonction est d’être un chien d’apparence, un chien de show, un chien statique. Un chien jugé sur un standard de chien utilitaire mais en statique et sur une occlusion.
Il faut maintenir une certaine capacité au travail. Cela passe évidemment par le travail mais aussi et surtout des apports divers et variés qui maintiennent un certain influx nerveux et sa réponse aux sollicitations : Conditions de vie, des mises en situations, la nourriture, son rapport avec son maître, son environnement, les soins,… On s’accommode avec l’héritabilité des gènes pour la question somatique moins avec la transmission de la capacité à. On en revient à la fonction utilitaire qui participe à la constitution, à la physiologie et à la morphologie dédiées.
Pour développer cette idée nous allons nous concentrer sur la beauté en zootechnie. Là encore son sens n’est pas celui usuel. G. Solaro disait : « La beauté va au-delà du plaisir sensoriel, cela touche au plaisir intellectuel »
La cynotechnie nous offre plusieurs formes de beautés intéressantes.
Le Pr Cornevin donne cette 1ère subdivision :

Beauté conventionnelle ;
Beauté harmonique ;
Beauté d’adaptation ;

– La beauté conventionnelle est la moins intéressante pour les cynologues car subjective et régie par la mode du moment. C’est cette beauté qui raccourcit ou allongent les museaux de nos cani corsi, bombe leur crâne, adoube l’hypertype, fait régner une certaine coloromanie le noir en ce moment. Elle est le bout de chaîne des dérives engendrées par et pour les expositions canines. Est-elle une fin en soit ou son moteur initiatique ?

– La beauté harmonique est l’équilibre de l’ensemble des régions du chien. Il est évident qu’une tête de cane corso sur un corps de caniche toiletté, heurterait l’oeil.

– La beauté d’adaptation, est quand la structure du chien est entièrement axée vers sa fonction originelle.
En effet, « si l’on devait juger un basset hound du point de vue esthétique, nous devrions conclure qu’un tel chien est laid et dysharmonique, mais d’un point de vue fonctionnelle il deviendrait beau pour le travail auquel il a été destiné » G. Solaro.
En imaginant les rôles tenus par le cane corso, il est théoriquement aisé de visualiser une idée du juste chien.
Cette dernière se heurte de plein fouet avec la première et la dénaturation découlant des show canins.
Pas suffisamment satisfait de cette subdivision Giuseppe Solaro, déclinait la beauté d’adaptation en quatre points.
– La beauté d’adaptation au travail, garde, défense, chasse,…
– La beauté d’adaptation à la production du pelage.
– La beauté d’adaptation à la reproduction
– La beauté d’adaptation à produire de la « viande », en effet, le chien était, pour certaines sociétés, comestible.

Ces subdivisions désormais classiques sont encore de nos jours acceptables. Le Pr Barbieri proposait en complément une autre forme de beauté, la beauté psychique. Partant de ce postulat : A quoi servirait un sujet très bien construit si au premier bruit il se mettait à trembler ou à s’enfuir ?

Beauté psychique : Elle est tirée d’une sorte de beauté fondamentale, considérant que cela définit le caractère d’un animal et son équilibre. Tenant compte que le caractère est un terme générique assez difficile à définir, nous nous tiendrons à ces notions : tempérament, agressivité, tempre, la docilité, la combativité, la vigilance, l’instinct prédateur,…

Pour mieux comprendre et opportunément, voici quelques définitions :
1- Le tempérament est la vélocité et l’intensité de réaction dans un temps donné, conséquemment à un ou des stimulus plaisants ou déplaisants d’une quelconque nature. C’est un ensemble de traits présent dès la naissance d’origines physiologiques et qui déterminent le comportement général.
2- La trempe ou sang froid est la capacité et la durée de la résistance à supporter une stimulation (même désagréable) externe d’une quelconque origine. Un animal peut présenter une bonne résistance physique (fatigue, froid,..) mais une capacité insuffisante aux stimulus émotionnels (coup de feu, bâton, bruits de foule, …)
3- la Docilité est la facilité spontanée à accepter et à reconnaître en l’homme un supérieur hiérarchique sans que celle-ci soit obtenue par la contrainte donnant lieu à une soumission forcée.
4- La vigilance est la capacité d’avertir opportunément des dangers extérieurs autant pour l’animal que pour son maître. La vigilance est étroitement liée la notion de territoire, c’est à dire l’espace que le chien considère être comme le sien que même la socialisation à considérablement réduite perdant ainsi une partie de ses instincts primaires (défense de la nourriture, du cheptel,…)
5- L’agressivité est la première riposte que le chien a la capacité de donner envers une stimulation externe qu’il interprète comme menaçante pour lui, ce qu’il protège ou son territoire.
6- La combativité est la seconde phase de l’agressivité de gestion de l’événement.
7- Le courage est l’affrontement d’un danger malgré les risques. Le courage n’est pas facile à interpréter chez le chien, car il est plus rationnel qu’instinctif.
8- L’instinct est la capacité naturelle innée à accomplir une tâche sans apprentissage. Il peut-être prédateur, reproducteur, de propriété,…

L’étude du comportement canin ayant évolué et étant donné le nombre incroyable de spécialistes du dit comportement que ce soit des comportementalistes (vétérinaires ou non) ou les éducateurs canins improvisés, il apparaît que la plupart ont leurs propres définitions de tout ce qui régit un chien psychologiquement. Volontairement, nous n’avons pas voulu entrer dans le détail de ces subdivisions, tant celles-ci nous paraissent claires et limpides dans l’idée et afin de respecter l’esprit de son rédacteur.

En conclusion et aparté, nous tenons à remercier les lecteurs qui nous ont témoigné beaucoup de sympathie au travers des deux premiers volets comprenant que nous ne rentrerions pas directement dans le vif du sujet avec un énième article sur le type, les défauts,… avec sa recette magique pour la sélection du prochain champion. Mais qui prennent la patience de nous lire et de comprendre que nous plantons un décor quasi philosophique sur ce qu’est l’élevage de chien. Pour les autres, asseyez-vous là, on revient tout de suite, ne bougez pas. Nous remercions aussi l’AFCC, avec qui la relation n’est pas nécessairement un long fleuve tranquille, de nous permettre de nous exprimer librement.

Mr Guitton et Mr Delaitre

TYPE ET HORS TYPE : Partie 2 publié dans la revue du club de race 2015

Suite à la partie 1 et nous l’espérons un moment de sérenpidité sur la question cynotechnique et sa relation directe avec l’activité de naisseur. Le problème dans l’approche d’une meilleure connaissance technique n’est pas tant le manque de volonté de comprendre que de l’excès de volonté de ne rien savoir. Nous allons pousser plus loin l’analyse tout en restant dans les frontières définies sans trop digresser.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » Albert Camus
De ce qui précède de la partie 1 et notamment dans la partie « défauts » du standard il en ressort que cette liste mélange pêle-mêle des coordonnées de la plastique, des coordonnées de la phanéroptique et des coordonnées de l’énergétique.
Nous pourrions appréhender sous différentes strates la définition de « type ». En effet, la définition revêt un cercle différent selon le cadre.

Alloïdisme :

Moyen : 0 : rectiligne : profil parallèle ;
Négatif : – : concaviligne : profil concave ;
Positif : + : convexiligne : profil convexe

Le cane corso, dysharmonique dans son profil est, selon les coordonnées « Baronnienne » en partant de la tête au corps, un : – 0
On observe une tendance sub-rectiligne ou ultra-concaviligne dans la tête et sub-concaviligne dans le corps et à de plus rares exceptions sub-convexiligne plutôt l’apanage de femelles levrettées. Ce dernier cas est dans la majorité des cas et instinctivement rejeté par les éleveurs.
Dans la tête et d’après nos observations, ces tendances qui sont en l’espèce des variations corrélatives sont généralement liées à la longueur de celle-ci, les valeurs du stop, la forme du profil supérieur du crâne et la convergence des axes craniaux-faciaux. Pour le corps, la longueur des antérieurs, la longueur du corps, le manque d’angulations postérieures spécifiquement du grasset.

Anamorphose :

Les éléments de largeur et d’épaisseur varient dans le même sens et en raison inverse des éléments de longueur.

Moyen : 0 : médioligne : Où ni la longueur ne l’emporte sur la largeur ou inversement ;
Négatif : – : bréviligne : Où les éléments de largeur l’emportent sur la longueur ;
Positif : + : longiligne Où les éléments de longueur l’emportent sur la largeur

Tête :

Moyen : 0 : mésocéphale ;
Négatif : – : brachycéphale ;
Positif : + : dolicocéphale.
Le cane corso est, bien que dogue, un médioligne. C’est sa fonction qui s’exprime à travers cela. On peut observer une tendance sub-bréviligne par l’aplomb des antérieurs, la zone métacarpienne, le cou, la longueur des antérieurs, le poitrail mais aussi le museau, le crâne pour la tête. A noter que celle-ci est brachycéphale.
Nous constatons que sous cet angle d’observations une cohérence avec celles précédentes. Seul le raisonnement diffère car de profil on élimine la largeur, de face les éléments d’épaisseurs. Seul dénominateur commun visible à l’alloïdisme et à l’anamorphose : la longueur. Pour autant une étude en trois dimensions demeure nécessaire et dans cette équation à inconnue le dénominateur commun est la longueur. On vous a perdu ?
Observez que dans le standard, les proportions sont faites en pourcentage selon une valeur : la hauteur au garrot. Nous y voilà. C’est la loi de l’harmonicité. On s’en serait douté les proportions dans un standard sont des éléments objectifs du type.
Une astuce de juge et qui est facilement applicable à notre race qui, sans être un outil d’une précision absolue vous donne une approche correcte.
Prenez une corde, marquez là à la longueur qui correspond à la hauteur au garrot. Pliez là en deux vous aurez la longueur du coude au sol, pliez là en trois celles de l’antérieur, de la tête, du cou (la tête et le cou doivent être un peu plus long).

Un chien c’est comme une pâte à modeler on en fait ce que l’on veut. Mais si vous prenez de la matière à un endroit, il en manquera à un autre. C’est ce que l’on appelle les variations corrélatives et/ou compensatrices. Toute variation en un endroit quelconque s’exprime à un autre endroit. La question des variations est essentielle, ce que le Pr Denis décrivait comme un compromis entre l’homogénéité et la variabilité. L’idée est très simple, le chien parfait absolu, c’est à dire calibré au millimètre près, n’existe pas mais, pour autant, plusieurs sujets peuvent coexister tout en incarnant une idée de la perfection. Nous entendons par là, sur la base de critères objectifs et non du gout. A l’instar les variations, en reprenant le concept de la pâte à modeler peut nous amener in fine sur une autre race. C’est pourquoi il faut différencier objectivement une tendance et un état. Le néologisme le plus courant dans notre race est « boxérisation ». Tout le monde le connaît. Mais celui-ci, en écartant son aspect péjoratif et souvent lapidaire utilisé à mauvais escient parce que compréhensible par tous nous servira dans notre démonstration bien qu’il existe suffisamment de mots dans notre langue. De plus quand on sait à quel point la race du boxer s’est elle-même enfoncée dans les limbes de la boxérisation…
L’idée de fond étant qu’un cane corso doit faire penser à un cane corso et non à une autre race. Evidemment au premier coup d’œil mais aussi sur des réflexes d’évaluations rapides sur des bases solides. Dire d’un cane corso qu’il est boxérisé sans connaître les caractéristiques ethniques du boxer et son évolution classe l’émetteur de cet avis dans la section malveillants. Il en va de même pour les pointers, les matins, les bullmastiffs,… qui sont au demeurant des races fantastiques et ne doivent pas servir au dénigrement. Bref…
L’idée étant de déceler le point de basculement d’une variation ou d’une somme de variations vers une autre race. Se cache derrière cela la pertinence de garder en tant que reproducteur(ice) un sujet au détriment d’un autre. Tordre le cou à cette croyance que l’on a besoin de surtype pour avoir du type afin d’équilibrer, de taille très grande pour compenser une petite taille, de sur ou sous dimensionnement pour compenser. Pratiquer l’élevage en raisonnant en compensation ne mène à rien si ce n’est à la recherche du coup de chance qui fera peut-être, par hasard naître un chien jugé excellent mais qui ne traduira aucunement une homogénéité de cheptel, ni de lignée. En gros c’est comme jouer au Loto comme unique voie d’enrichissement. Ca peut marcher… Ou pas.

TYPE ET HORS TYPE : Partie 1 publié dans la revue du club de race 2015

Après tant d’années, nous nous rendons compte qu’il ne sert plus à grand-chose de faire des lectures publiques du standard. Et pour cause, celui-ci n’est pas un outil pédagogique, il n’explique rien, c’est un instrument de travail, c’est une représentation, une projection de ce qu’est un cane corso. Nous allons au travers de ce dossier, divisé en plusieurs parties, prendre un autre chemin. En effet, le Professeur Morsiani a utilisé des bases cynotechniques pour rédiger le standard, il a observé la population canine et en a tiré des conclusions. Il a rédigé une synthèse avec logique, des relevés et aussi un brin de projection en l’avenir. Il faut garder cela en tête dans notre travail d’éleveur. Tendre vers l’homogénéité tout en sachant que l’homogénéité n’existe pas.
Pour cela il faut que la définition du type et par ces entrefaits, l’hypertype, l’hypotype, bref le hors type soit clair pour tout le monde.

Le cane corso n’est pas à proprement dit une race hypertypée, elle est certes dysharmonique de profil ce qui tout au plus nous donne une indication sur une tendance naturelle à s’hypertyper. On prendra en compte pour ces points de vigilance le fait qu’il soit convergent dans sa tête et prognathe et que c’est un dogue.
Pour cela nous allons, dans ce 1er volet, nous appuyer sur des observations simples que tout le monde connait et qui seront nos limites que sont l’introduction du standard et sa conclusion que nous allons rapprocher :

Bref aperçu historique
Le Corso est le descendant direct l’ancien molosse romain. Anciennement présent dans toute l’Italie, il s’est seulement maintenu dans les Pouilles et les régions limitrophes de cette province de l’Italie méridionale. Son nom dérive du latin « cohors’ qui signifie « protecteur, gardien des fermes’.

Aspect General
C’est un chien d’assez grand volume, solide et vigoureux tout en restant élégant. Ses contours nets révèlent des muscles puissants.

Proportions importantes
Il est quelque peu plus long que haut. La longueur de la tête atteint 36% de la hauteur au garrot.

Comportement / caractère
Gardien de la propriété, de la famille et du bétail, on l’utilisait dans le passé pour surveiller le bétail et pour la chasse au gros gibier.

Défauts
Tout écart part rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité.

Défauts graves
Axes supérieurs de crâne du chanfein parallèles ou trop convergents; convergence des face latérales du museau.
Dépigmentation partielle de la truffe (taches de ladre).
Articulé en ciseaux; prognathisme inférieur accentué.
Queue dressée verticalement ou en anneau.
Sujet, qui, au trot, va en permanence de l’amble.
Taille supérieure ou inférieure aux limites indiquées.

Défauts éliminatoires
Divergence des axes crânio-faciaux.
Truffe totalement dépigmentée.
Chanfrein concave ou convexe (de mouton).
Prognathisme supérieur.
Dépigmentation partielle ou totale des paupières; yeux vairons; strabisme.
Anourie ou brachyourie (queue écourtée ou non).
Poil semi-long, ras, avec des franges.
Toutes les couleurs non prévues par le standard; larges taches blanches.

N.B.: Les mâles doivent avoir deux testicules d’aspect normal complètement descendus dans le scrotum.

Si nous devions résumer ceci nous apprenons donc l’utilisation et les attentes que l’on a de ce chien et un premier jet des caractéristiques ethniques importantes.

En résumé :

– Élégant
– Athlétique
– Gardien
– Etre convergent dans les axes cranio/faciaux, pas trop mais assurément pas divergent.
– Avoir de bonnes proportions de tête
– Museau aux faces latérales parallèle, donc museau à face antérieure carré
– Prognathe inférieur mais pas trop, assurément pas supérieur et aussi une tolérance pour la fermeture en ciseaux tout en n’étant pas recherchée tout comme l’excès de prognathisme inférieur.

En partant du principe que l’importance des défauts est :
– Défauts graves = Hors du ring
– Défauts éliminatoires = Hors de la reproduction.

Article co-rédigé par
Christian Delaitre et Williams Guitton

Que reste-t-il du naturel chez les chiens présentés en exposition de beauté ?

« Nous faisons cas du beau, nous méprisons l’utile » La Fontaine

La première société canine voit le jour en Angleterre en 1873 (la première exposition de chiens en 1859 ayant eu lieu à Newcastle), Le premier livre des origines (Stud Book) paraît en 1874, et le premier club de race fut celui du Bulldog. Une première exposition officielle a lieu au Cristal palace à Londres du 17 au 20 juin 1873. Le Kennel Club attache beaucoup d’importance à l’éducation à l’obéissance. Des épreuves ont été présentées pour la première fois à l’exposition de 1920.
En France la première exposition canine « universelle » se déroule du 3 au 10 mai 1863, au jardin d’acclimatation du bois de Boulogne sous les directives de la “ Société Impériale d’Acclimatation ”.

Le président du comité d’organisation et du jury était le professeur au Muséum, M. de Quatrefages, et le directeur de l’Exposition, M. Geoffroy-Saint-Hilaire, un autre éminent scientifique qui écrira :
« Ce n’était pas un spectacle de curiosité, encore moins un marché qu’on se proposait d’ouvrir. On voulait, sous un point de vue scientifique autant que pratique, réunir une collection de chiens aussi complète que possible, afin de distinguer les races pures, utiles, ou d’agrément, et les croisements bons à conserver. Faire, en un mot, une étude et une révision générale de l’espèce. De là, le titre d’universelle, donné à cette Exposition. ».

La Société Centrale Canine fut fondée à Paris le 30 juin 1880 au cercle de la chasse (les plus nombreux) par la section du jockey Club.
En 1884 la société utilisant l’article 12 de ses Statuts se transforme définitivement en Société Centrale pour l’amélioration des races canines.
La première exposition de la nouvelle société canine a lieu sur la terrasse de l’orangerie des Tuileries. Près de 600 chiens sont réunis dont 117 chiens d’arrêt et 280 chiens de meutes.
Les chiens étaient divisés en 29 sections et 11 groupes.

Il y avait deux juges :

– un jury d’admission de 6 membres devant décider si les animaux présentés étaient sains et présentaient les caractères d’une race déterminée.

– Un jury de quinze membres nommés par les exposants, chargé de procéder aux classements !

Dans l’Illustration du 7 juin 1902, un témoin raconte avec humour l’ambiance de ces rencontres canines, qui n’ont pas beaucoup perdu de leur piquant : “ A les voir, nonchalamment étendus sur leur litière de paille, dans leurs étroites cages, somnolents, indifférents, les doux philosophes ! Même les plus primés et les plus couronnés, à la gloire que procurent les médailles, à la considération que leurs témoignent les visiteurs attroupés devant leurs boxes, et dédaigneux des appels que leur adressait quelque amateur désireux de les admirer en détail, de les faire se lever, aller, venir, montrer enfin, sous le tissu soyeux de leur robe, le jeu aisé de leurs muscles, je m’apitoyais volontiers sur leur sort. ”

Et un superstitieux respect m’envahit. Puis, après avoir observé le manège des maîtres : je compris, je sentis que j’étais bien, en réalité, en présence d’un culte respectable comme tous les autres cultes, ayant ses rites, ses grands prêtres, et sans doute ses bedeaux, ayant même, à l’exemple de certaines religions antiques, sa langue sacrée, incompréhensible au troupeau banal, sa langue ésotérique, qui est l’anglais, comme de raison ; si bien que ce que nous appelons vulgairement un épagneul, les initiés le nomment Spaniel ; qu’un Lévrier devient un Harrier et que le chien se traduit dog. ”

L’examen du chien en beauté

En 1939, Paul Megnin, avait son avis sur la manière de présenter en beauté. Celle des anglo-saxons et des handlers mettant le chien en station forcée et qui oublient le « naturel »…

« De la tenue Messieurs-Dames, si lorsque vous êtes accroupis devant votre chien lui prenant la queue, vous vous regardiez dans une glace, vous vous apercevriez que vous êtes d’un ridicule achevé et d’autre part c’est faire injure au juge que de tripoter ainsi votre chien, il a assez l’œil pour voir les qualités et les défaut  »

L’examen statique, devrait être celui du chien au repos, sans que l’homme n’use d’artifice pour masquer les défauts: tirer une des pattes arrières, soulever l’avant-main, tenir la tête et la queue, etc.

L’examen dynamique, c’est l’étude du mouvement et des allures. L’action pure qui devrait être estimée sans que le chien soit attaché, car là encore l’homme peut tricher en soulevant le chien, en le faisant tracter en l’obligeant à se camper, etc.

« L’harmonie est un critérium de beauté et c’est aussi celui de la beauté ethnique. Les types harmoniques sont ceux des races pures, anciennes et naturelles : les types inharmoniques sont le résultat d’opérations artificielles d’élevage » P. Mégnin

C’est dans ces concours de conformité au standard (que l’on préfère appeler concours de beauté), que l’on croise quelquefois des maîtres qui ont une très haute valeur de leur animal, s’identifiant à lui, au point de considérer les qualificatifs que l’on attribue à leur chien pour eux-mêmes : « excellent, best in show, etc. ». Leur devise étant « être vu de tous et partout », il arrive même qu’ils présentent un chien ou une chienne avec qui ils sont surs de gagner, prenant la première place (même si leur animal est castré ou stérilisé), quelquefois au détriment de jeunes reproducteurs ou reproductrices qui mériteraient d’être connus.

On remarquera également que la manière de présenter certaines races favorise l’apparition de sujets agressifs. Si on prend l’exemple du Boxer où l’on recherche le « campé », avec le corps projeté en avant, la présentation qui est faites en plaçant les sujets face à face en est l’illustration (une confrontation qui ne peut aller jusqu’au contact va avoir tendance à instrumentaliser l’agression de l’autre de manière systématique). A l’époque j’avais écrit un article pour le club de race afin que cesse ces pratiques et on conseillant l’utilisation de la Méthode Naturelle pour obtenir cette présentation, avec une friandise ou un jouet dans la main jusqu’au bon conditionnement (ce que font presque tous les présentateurs de nos jours).

L’examen du chien pour les jugements est souvent subjectif car si le standard est immuable, chaque juge (ils sont tous bénévoles) a sa façon de l’interpréter (ce ne sont pas des machines) en fonction de son idéal pour la race et du point du standard qu’il privilégie. Ensuite, chacun a sa façon de procéder selon la race; examen individuel, en groupe, en sous-groupe.

Examen en statique visuel (harmonie de l’ensemble, expression, poitrail, garrot, dos, largeur du crâne, forme des mâchoires, port de la queue et des oreilles, largeur de la cuisse, pigmentation, couleur des yeux et des ongles, aplombs) et manuel (dentition, rigidité du dos, texture du poil, toise pour la taille au garrot, intégrité sexuelle pour les mâles).

Examen des allures (pas allongé ou trot) avec le chien en mouvement (il est donné par l’appui de la patte arrière et sa poussée sur le sol, ensuite transmis au dos et aux membres antérieurs. Les membres antérieurs servant de soutien et d’amortisseur, les membres postérieurs à la propulsion, le centre de gravité étant situé sur la partie antérieure du sternum).

Il s’agit d’experts pour une ou plusieurs races, là où le bât blesse c’est lorsqu’il s’agit de juges « all-rounds » habilités à juger toute les races car la question que l’on est en droit de se poser, c’est : « comment peuvent-ils mémoriser les standards de toutes les races? ». Un autre problème résurgent, c’est, comment est apprécié le caractère des sujets présentés? On voit trop souvent des chiens craintifs ou agressifs, ressortir du ring avec la confirmation (possibilité de reproduire) ou des titres (excellent ou champion), alors que nous savons qu’il y a de grandes chances pour que ces caractères soient transmis à leur descendance.
Le Dr Maurice Luquet a écrit que les qualités d’un bon juge sont :
– Avoir une parfaite connaissance de la race et des connaissances cynotechniques
– Avoir le coup d’œil
– Faire preuve d’impartialité et d’incorruptibilité absolues
– Avoir des rapports de parfaite correction avec l’exposant
– Être un éducateur
Je ne peux résister à citer ici A. Pecoult et J. Coly qui résument assez bien l’univers des concours de beauté :

« Il y a ceux qui exposent pour gagner, ceux qui exposent pour participer, ceux qui exposent pour voir…
Les premiers sont vraisemblablement les plus nombreux, bien que ceux qui ont, ou qui se donnent vraiment, les moyens de gagner le soient moins. Il est heureux qu’il y ait des gens pour présenter parfaitement des chiens en parfaite condition et pour donner des races qu’ils représentent la meilleure image possible, les expositions ne sont-elles pas des concours de beauté ?
Il y a malheureusement aussi ceux qui, pour gagner, sont prêts à tous les maquillages et autres truquages interdits ou simplement réprouvés, il faut pour ceux-là espérer que des juges avertis ne se laissent pas prendre au piège. Il y a ceux qui exposent pour participer, ceux qui savent que leur chien n’est pas un crack, ou n’est pas très en état, ils n’ont pas tort d’exposer, car ceux-là viennent chercher l’avis d’un connaisseur en la personne du juge, et cet avis leur fera peut-être mieux voir les qualités et les défauts de leur chien, et leur permettra sans doute d’améliorer leur production s’ils font une portée ou un peu d’élevage.
Quant à ceux qui viennent pour voir, ils sont souvent les plus déçus. Ils n’ont pas l’habitude des expositions, trouvent le temps long, se font souvent reprocher de mal présenter leur chien, et si de surcroit le chien en question se classe mal, le juge est un âne et les jugements sont des coups montés. La plupart soient irréductibles et ne remettent plus les pieds dans une exposition… » A. Pecoult

« Est-ce que les préoccupations esthétiques doivent passer pour une exigence primordiale, ainsi que cela se pratique pour le Caniche, le Bobtail, le Bichon Maltais ou le Schnauzer par exemple ? (…) Car l’esthétique bergère n’est pas seulement le fait du « chien joli ». Un chien trop préparé, voire parfumé deviendrait – Nous en sommes d’accord- un bibelot de vitrine. » Jacques Coly
« Voulons- nous des chiens de travail utiles, ou des show dogs pour handlers professionnels ? Certes on nous demande, à nous juges, d’estimer les qualités esthétiques, la concordance avec un modèle de beauté, et même à la limite, le tempérament. Pourtant ces deux conceptions ne sont pas incompatibles : ce qui est fonctionnel est toujours beau. C’est une évidence pour le Grey-hound comme pour le Bull Dog, ou alors il nous faut retrouver le bon sens que nous avons tendance à perdre » Dr J. Millemann

« Ce que j’aime en France, c’est que les chiens puissent travailler. Quant aux expos, je n’aime pas la championnite. Pour l’instant dans le monde, c’est plutôt le côté « show » qui gagne et je ne crois pas que ce soit une bonne chose » Professeur Raymond Triquet

Hélas, c’est ce qui se passe dans les pays où il y a beaucoup de chiens comme les Etats-Unis (environ 50 millions de chiens), les lignées « show » domine le marché pour leur esthétique et pour le fait qu’elles flattent l’égo des maîtres, même si au niveau aptitudes physiques, caractère et intelligence, il ne reste plus grand-chose. A tel point que, par exemple pour les chiens de service de la douane, la police ou l’armée, malgré les cheptels impressionnants de chiens dits d’utilité, les administrations soient obligées d’aller chercher leur chiens en Europe de l’est.
On comprendrait, même si c’est avec réticence, que l’on prenne les chiens d’agrément ou de compagnie (9ème groupe) pour des peluches à exposer, on a du mal à l’admettre pour des chiens comme les chiens de berger qui ont en théorie, à la base, des aptitudes au travail.

Un autre exemple frappant c’est le berger australien qui maintenant est devenu en France, à l’instar des Etats-Unis, son pays d’origine, une véritable gravure de mode, avec un toilettage très important qui peut modifier de manière radicale l’aspect du chien en masquant ses défauts : des shampoings pour rehausser les couleurs, donner un poil plus volumineux ; un pulseur d’air chaud pour faire gonfler le poil ; l’usage du ciseau sculpteur sur les oreilles, les pattes, la queue, le dos…

Si ce n’est n’était que cela, mais il y a également une atteinte au bien-être psychologique du chien, en l’obligeant dès le plus jeune âge à garder la position demandée de plus en plus longtemps ou à trotter avec un collier étrangleur pour le diriger, même si ma Méthode Naturelle est également utilisée avec la friandise dans la main pour fixer.

Est-ce le prix à payer pour la popularité ? Il faut savoir que la race est relativement récente en France, puisqu’elle ne sera reconnue par la FCI, à « titre provisoire », qu’en 1996, pourtant elle est devenue à la mode puisque en nombre de naissance dans le groupe 1 des chiens de bergers, elle est en troisième position derrière le berger allemand et le malinois. Plaire de manière aussi évidente a ses inconvénients, on a pu le constater avec d’autres races qui ont perdu leur identité utilitaire au bénéfice de l’esthétique… Il existe un moyen simple, pour pallier à cette dérive, c’est d’encourager les maîtres à faire du sport avec leurs chiens, en particulier dans les épreuves de travail.

Enfin, pour clore ce chapitre du spectacle, on peut voir de plus en plus souvent des handlers (présentateurs), comme aux Etats-Unis, des personnes habillées comme pour aller en soirée chic, avec tailleur ou costume, maquillage, avec des coloris assortis aux couleurs des chiens présentés. On a l’impression d’être dans un défilé de mode ou les mannequins sont accompagnés de chiens pouponnés, sauf qu’ici il s’agit de présentation de chiens.

Alors les questions que l’on peut se poser, c’est comment retrouver le naturel de ces chiens à travers tous ces artifices, comment savoir si esthétiquement il correspond vraiment au standard, comment les juges parviennent à appréhender le sujet présenté à qui on lève la tête, on place les pattes, avec des présentateurs qui jouent un rôle important pour influencer leur jugement ?

Chiots de qualité contre chiots en vrac

Un éleveur écrivait à chiens 2000 : « à force de faire l’éducation du public et de mettre les amateurs en garde contre les risques que l’on court à acheter un mauvais chiot, les gens deviennent de plus en plus difficiles et il n’y a plus moyen de vendre nos produits ».
C’est prendre le problème à l’envers. Défendre le consommateur ne se retourne pas contre le bon commerçant. Défendre le chien de race, beau et utile, doit permettre, au contraire, de promouvoir l’élevage de qualité car il montre au public qu’acheter un chiot de race ne se fait pas au coin de la rue, sur un coup de tête.
Le beau doit se mériter. Les sacrifices que font les bons éleveurs valent bien un peu de patience de la part de l’acheteur qui, enfin,
sera conseillé et dont le chiot sera non seulement garanti,
parce que telle est la loi, mais parce qu’il représente l’aboutissement d’un long effort.
Le bon éleveur, comme le bon artisan, est fier de l’œuvre qu’il confie à un amateur éclairé.
Et il n’est pas scandaleux que le bon éleveur comme le bon artisan,
vende ses produits et en tire un profit.
Il serait même bon que la France exportât des chiots en vrac. La vente des chiots n’est plus un sujet tabou, et il y a autant d’honneur à être éleveur de chiens de race que de chevaux de concours.
C’est dans ce sens que doit aller la « nouvelle cynophilie ».

Raymond Triquet

Les risques de Morsure chez le chien dysplasique

L’expression physique de la dysplasie du coude ou de la hanche (ou de toute autre articulation)  étant l’arthrose, il faut considérer que le sujet souffre de violents rhumatismes. Chaque mouvement ou choc traumatique articulaire lui procurant des douleurs vives.
Il faut bien sûr évaluer que des changements caractériels se manifestent ou s’intensifient en fonction du seuil de la douleur, qui peuvent  être variables au court  d’une même  journée.
Le chien qui a mal, redoute les contacts, et plus particulièrement  la maladresse de l’enfant, il fera ce qu’il peut pour les éviter.
La caresse qui était un plaisir devient une douleur qui augmente l’irritabilité et rend l’agression possible.
Ces agressions dites par irritation sont des attaques sourdes et souvent sans menaces  ou sans avertissements clairs qui peuvent à être  à répétition. Le chien, mal à l’aise, ne peut que mordre pour faire cesser ce stimuli douloureux.
Chez le chien vieillissant, moins patient, plus exigeant, facilement déstabilisé, les morsures peuvent être par anticipation de la situation à risques. L’enfant s’approchant de la couche du chien peut être alors attaqué sans qu’il n’y ait eu de  contact entre eux.
Ces crises sont difficiles à réguler par une intervention humaine ou verbale, le chien n’étant pas accessible. Il ne peut que subir sa propre initiative du conflit. Le bon compagnon ne possède plus ses autocontrôles qui faisaient de lui la force tranquille de la famille.
Dans un premier temps, les examens cliniques doivent attester de cette instabilité émotionnelle, et un traitement curatif doit être adapté ou, selon la gravité, la chirurgie doit être envisagée.
Dans un second temps, il faut responsabiliser l’entourage sur une stabilité définitive de l’environnement. On veillera à ne pas brusquer le chien pendant son sommeil et à limiter les efforts pendant les phases de jeu. L’empathie envers le chien en souffrance doit être un sentiment partagé par tous les membres de la famille afin de mieux accepter ses altérations sensorielles.
Enfin, l’éleveur doit  avoir une démarche cohérente, transparente et systématique quant au dépistage de la dysplasie de la hanche et du coude des géniteurs de chaque mariage.
En plus de la lecture officielle qui à ce jour est la seule référence de l’exactitude, le producteur doit avoir une vision d’ensemble des collatéraux et ascendants. Ce qui n’est pas possible dans les cas de reproduction sur des lignées nombreuses et variées et non contrôlées.
Il est également du ressort de l’éleveur de s’assurer de la bonne adaptation des chiots socialisés chez lui en rapport de l’individu et de l’environnement, plus techniquement appelé  l’homéostasie sensorielle, qui par la suite permettra d’augmenter la tolérance et la résistance aux stimuli anxiogènes ou douloureux.

Christian Delaitre

Jeu et éducation

Tous les enseignements, même les plus simples, s »accompagnent d »instants de jeu.
Dans la tête du maitre : on va faire un exercice !
Dans la tête du chien : on va jouer !

Favoriser le travail de l »animal, surtout pour des races comme le cane corso, en évitant les méthodes rigides et en axant le programme sur ses intérêts et ses aptitudes ( empathie), dans le plaisir et le jeu, jusqu’à l’obtention du comportement désiré.

Le maitre doit toujours être l »initiateur et le vainqueur du jeu ( sauf pour des chiens manquant de confiance, qu »il faudra laisser gagner pour qu »il puisse s »affirmer ) et le chien doit terminer sur un exercice réussi.

Le jeu du « tirer à soi » plait énormément aux cane corso, qui ont un mordant de traction, qui se pratique avec un chiffon, une balle ou un baton. Cet exercice stimule la possessivité du chien ; c »est donc un jeu à éviter avec des individus de type dominant ( sauf par des personnes qualifiées et expertes aux chien de travail ).

Faire trainer un bâton ou une balle au sol ( en imitant une proie blessée ) stimule le chiot cane corso en développant son instinct de prédation.

Un jeu utile ( et sans effets secondaires) : le jeu du rapport. Lancez la balle et vous pouvez être sur que votre chien courraour aller la chercher, on veillera à ne pas le faire courir sur des grandes distances et trop longtemps, pour un éveil efficace, il ne faut pas être intensif ! Surtout avec des races grandes ou géantes comme le cane corso ! Une fois que le chiot a saisi la balle, le maitre s »accroupira, écartera les bras en donnant l »ordre « d »apporter ».

Pensez à toujours récompenser les bonnes actions de votre chiot cane corso, par des caresse, des félicitations vocales enthousiasmées, ou des friandises ( voir l »article initiation à l »éthologie ).