Un éleveur écrivait à chiens 2000 : « à force de faire l’éducation du public et de mettre les amateurs en garde contre les risques que l’on court à acheter un mauvais chiot, les gens deviennent de plus en plus difficiles et il n’y a plus moyen de vendre nos produits ».
C’est prendre le problème à l’envers. Défendre le consommateur ne se retourne pas contre le bon commerçant. Défendre le chien de race, beau et utile, doit permettre, au contraire, de promouvoir l’élevage de qualité car il montre au public qu’acheter un chiot de race ne se fait pas au coin de la rue, sur un coup de tête.
Le beau doit se mériter. Les sacrifices que font les bons éleveurs valent bien un peu de patience de la part de l’acheteur qui, enfin,
sera conseillé et dont le chiot sera non seulement garanti,
parce que telle est la loi, mais parce qu’il représente l’aboutissement d’un long effort.
Le bon éleveur, comme le bon artisan, est fier de l’œuvre qu’il confie à un amateur éclairé.
Et il n’est pas scandaleux que le bon éleveur comme le bon artisan,
vende ses produits et en tire un profit.
Il serait même bon que la France exportât des chiots en vrac. La vente des chiots n’est plus un sujet tabou, et il y a autant d’honneur à être éleveur de chiens de race que de chevaux de concours.
C’est dans ce sens que doit aller la « nouvelle cynophilie ».

Raymond Triquet